Des gyrophares s’allument, elle est seule contre un mur, la tension monte. La vision se brise doucement quand elle laisse écouter à peine le fil de sa voix, comme si tout d’un coup les flots de la pensée se mettaient à couler, laissant apparaître, à la façon des larmes coulant dans des statues, que quelqu'un vit derrière cette icône.
Le costume crée par Ophélie Estève est fait avec des néons flexibles et s’inspire du costume de néons de Tanaka Atsouko, artiste Japonaise, membre du groupe Gutaï aux années 50.
On entend les sirènes, la musique de Pushy !

Cette histoire se déroule à la limite du rire et du tragique, poussée par ce désir de connaissance, et d’étonnement, la possibilité de décoder une énigme qui pourrait nous libérer.
Le ton est intime, presque inaudible, un peu comme quelqu'un qui pense à haute voix.L’étrange surgit quand on s’y attend le moins, et des révélations peuvent nous faire douter des nos certitudes.

Du début à la fin, la danse y est tout le temps pour moi...
Au bout du compte, il s’agit de la curiosité de voir toujours ce qui il y a de l’autre coté et une fois qu’on y est, une fois qu’on a traversé la frontière, recommencer.
À nouveau le besoin de voir ce qui a de l’autre coté, derrière les choses, derrière les gens, derrière la peau.
Toujours traverser une frontière... Finalement, c’est ce moment de traverser que je voudrais retrouver et revivre à chaque fois. C’est probablement ça ce qu’on appelle la danse ?
Traversées physiques, territoires, intérieurs.
Traverser des frontières intérieures par différents moyens. Pénétrer les esprits, les forêts, les corps, découvrir l’autre coté de l'autre, celui qu’on ne voit pas, qu’on pressent. Arriver émerveillé et meurtri pour repartir. Assister à une transformation.

Je construis des scènes de la performance comme des reconstructions des images qui hantent mes rêves, comme fantasmes que j’ai envie de voir apparaître devant mes yeux.
La danse comme les textes sont pour moi des évocations.
Images et textes, qui simulent être seulement le pâle reflet d’autres.
Ces autres « événements » qui ont « vraiment » eu lieu dans le passé.
Qu’est-ce qui a « vraiment eu lieu » ? L’évocation de l’événement ou l’événement ?
Le souvenir du souvenir ? où le souvenir que je sais plus si c’est le mien où celui qu’on m’a raconté une fois et j’ai transformé et fais mien.


Viviana Moin : (Textes et chorégraphie)
Christian Bakalov : (assistant artistique)
Pushy ! (musique)
Ophélie Estève : (costume)